Son Do: Interview d’un étudiant créatif travaillant chez Migros Porte de Nyon

Le Paléo Festival de Nyon est l’un des événements culturels les plus importants en Suisse, attirant chaque année des milliers de personnes pour profiter d’une programmation musicale exceptionnelle. Depuis plusieurs années, le festival organise un concours d’affiche ouvert aux artistes locaux.

Cette année, les lauréats du concours sont Son Do et son acolyte Lise Mendes, tous deux étudiants à la HEAD. Ils ont remporté le concours d’affiche Paléo 2023 grâce à une création graphique originale, qui a su capturer l’essence du festival.

J’ai pu m’entretenir avec Son Do au sujet de ce succès ainsi que de son parcours à la HEAD et employé Migros à Nyon.

Comment est venue l’idée de participer à ce concours d’affiche pour le Paléo Festival? Est-ce ton premier coup d’essai?

Lorsque j’ai commencé les études, je savais qu’à la HEAD il y avait ce workshop pour créer l’identité Paléo, donc 5 jours intenses pour inventer et développer tout un univers autour du festival. Et étant moi-même un habitant de la région de Nyon, il paraissait tout naturel d’y participer lorsque l’occasion s’est présentée à moi en janvier 2022. Il s’agit effectivement de mon premier coup d’essai, et même si je n’avais pas gagné, je n’aurais pas retenté l’année suivante car je sais que c’est un workshop prestigieux que l’école nous offre, et j’aurais trouvé ça injuste de prendre la place de quelqu’un alors que j’y ai déjà participé.

Quelles ont été les étapes/le processus de création de cette affiche? Avez-vous fait participer le public?

Comme c’est un travail qui ne dure que 5 jours, il faut trouver l’idée très rapidement. Avec Lise Mendes (ma binôme), nous voulions d’abord partir sur la propagande du festival, mais étant un sujet sensible, nous voulions retranscrire cette émotion de « révolution » avec d’autres moyens. Lise voulait faire quelque chose de manuel, et moi un travail photographique, et donc après quelques réflexions, nous avons trouvé cette idée de pancartes faites à la main qui seront ensuite prises en photo pour en faire des compositions d’affiches etc… Ce qui a été compliqué était de trouver des phrases ou des mots à mettre sans que ceux-ci paraissent bateau, tout en gardant un esprit festif. Donc nous avons proposé aux 18 autres participants du workshop de nous aider à faire des pancartes si ils le désiraient, et beaucoup de gens nous ont aidé à en faire, et pour être honnête je trouve que la plupart des très bonnes pancartes ont été faites par les autres car ils étaient beaucoup plus spontanés dans la création que Lise et moi.

Comment as-tu appris que votre projet avait été retenu et qu’as-tu ressenti à ce moment-là?

Même si je savais que notre projet avait de grandes chances d’être choisi de par son originalité, nous attendions la réponse avec grande impatience car nous savions déjà à ce moment les 3 projets sélectionnés (parmi les 10) par Paléo. La réponse est arrivée par e-mail lorsque j’étais dans le tram en route pour un cours à l’UNIGE avec des amis et à ce moment-là, il était assez difficile de retenir sa joie et de ne pas crier partout (surtout que mes amis avec qui j’étais avaient participé à la conception des pancartes). En plus de la joie, je n’y arrivais pas à y croire ; ce festival j’y vais religieusement depuis 2015 et d’un coup, on apprend qu’on a été choisi parmi 10 projets aussi intéressants les uns que les autres. Et jusqu’à aujourd’hui encore, je n’arrive presque pas à y croire, je pense qu’il faut attendre juillet et voir notre projet en vrai pour qu’on puisse se dire : « Wow, on l’a fait ».

Y a-t-il une histoire ou un message particulier que vous avez voulu transmettre à travers cette affiche?

Je pense qu’aujourd’hui, encore plus qu’il y a quelques années, il est très important de faire des projets inclusifs, c’est-à-dire des projets qui parlent à tout le monde, peu importe le milieu social, l’âge, l’origine, le sexe, le genre et j’en passe. Et je pense que nous avons réussi à faire ça en représentant tout le monde et leurs messages par des pancartes. Si nous voyons une pancarte avec écrit « I LOVE U », cela peut être notre petite cousine, un adolescent, ou encore nos parents qui l’ont écrit, et je pense que la force de notre projet se trouve là. S’identifier dans un projet peut paraître un peu compliqué si c’est quelque chose de très illustratif ou très design, mais en faisant des pancartes nous nous sommes assurés que toutes personnes puissent les lire et comprendre et, le plus important, s’identifier dans celui-ci.

J’imagine que l’édition 2023 aura une saveur particulière cette année pour toi, comment l’appréhendes-tu?

Oui effectivement, j’attends cette édition avec grande impatience, et je pense que je ne suis pas le seul. Tous nos amis qui ont participé, tous mes amis de Nyon qui sont au courant que Lise et moi avons fait la communication du festival, je crois que cette édition aura une saveur spéciale. Déjà en voyant la grande scène et les affiches l’année passée je me disais que ça allait être incroyable pour nous, mais comme dit précédemment, il faudra attendre de voir la mise en scène en vrai pour vraiment se rendre compte de la folie que nous avons accompli. Déjà que j’avais lâché une larme dès que j’ai pu partager le projet sur Instagram, je pense que je serais encore plus ému et je vois déjà la scène où Lise et moi pleurons en voyant notre projet en vrai.

Quels sont tes projets futurs en tant qu’artiste?

Bien que je sois seulement / déjà en 2ème année de bachelor, mon parcours est loin d’être fini. Je pense faire 2 masters, un en photographie et un en typographie, les 2 aux Pays-Bas. Donc pour l’instant je ne me projette pas encore trop loin, même si j’aimerais beaucoup travailler dans le milieu de la culture (comme beaucoup de mes collègues).

Il semble régner un vrai esprit de famille dans ce centre, comment expliques-tu cela?

Je pense qu’une grande partie de cette ambiance vient du fait qu’il y a beaucoup d’étudiants le samedi, et donc qu’il y a 2 à 3 générations différentes qui travaillent ensemble et ça crée une dynamique totalement différente autant pour les employés fixes qui sont plus âgés, que pour les étudiants. Je pense que les fixes prennent un certain plaisir à écouter les jeunes et leurs histoires d’amour, les études ou juste de la vie en générale. Et nous, les étudiants, avons encore beaucoup de choses à apprendre et côtoyer des gens plus âgés nous aide des fois à se projeter dans la vie. Je pense que cet esprit de famille vient principalement de là.

Qu’est-ce que ce travail t’apporte au quotidien et de manière générale?

Tout d’abord, ce travail me fait rendre compte de la chance que j’ai car, beaucoup de mes amis sont à la recherche d’un petit boulot. Je me rends compte que grâce à ce travail j’ai quand même une certaine liberté financière. Et de manière plus absurde, ce travail m’apporte beaucoup de connaissances sur les produits que nous consommons au quotidien. Et je pense que la dernière des choses que j’apprends dans ce travail, c’est beaucoup moins drôle, mais c’est le fait de rien dire lorsque des clients nous traitent comme si nous étions inférieur à eux. Cela fait partie de la vie mais des fois ils ne se rendent pas compte que nous sommes des êtres humains comme eux et que nous méritons tout autant de respect même s’ils gagnent 2, 3 ou même 10x plus qu’un employé à la Migros.

Comment jongles-tu entre ce travail et ta formation à la HEAD?

Des fois c’est très difficile de faire les 2 ou de sacrifier son vendredi soir en se disant que le lendemain on doit se lever à 5h30. Mais je pense que ça fait partie de la vie de des fois faire des choses dont on a pas particulièrement envie, surtout quand nous sommes débordés par le travail scolaire qui coïncide malheureusement avec les périodes chaudes de la Migros, c’est-à-dire en fin d’année vers les fêtes de Noël. Mais il suffit d’avoir un peu de discipline pour se dire que nous travaillons dur la semaine à la HEAD pour compenser le samedi.

Depuis que l’affiche a été dévoilée, est-ce que des clients ou collègues t’ont abordés différemment au travail? Sens-tu que le regard des gens a changé/évolué?

Depuis quelques temps, avant même que je fasse l’affiche Paléo, on m’a toujours surnommé «l’artiste» de part mon style mais aussi mes études. Donc dès qu’ils ont su que j’ai travaillé pour le festival, leur regard n’a pas changé et au contraire, j’ai reçu beaucoup de critiques positives de mes collègues. J’ai eu 2-3 clients également qui m’ont félicité mais en dehors de ça, rien de fondamental n’a changé au travail.

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Article réalisé dans le cadre d’une collaboration avec Migros Genève.

La rédaction de cet article est faite en toute liberté.

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